À la trappe ! by Andrew Klavan

À la trappe ! by Andrew Klavan

Auteur:Andrew Klavan [Klavan, Andrew]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 202052659X
Éditeur: Seuil


18

Au comté de Grant, l’accueil ne fut pas aussi chaleureux la deuxième fois. Je nichai dans le même hôtel. Je pris la même route pour le même collège. J’entrai dans le même bureau pour rencontrer le même principal. Mais l’expression du beau visage clair de ce dernier n’était pas la même.

Une intense sévérité se lisait maintenant dans les yeux bleus, francs et sincères de David Brandt. Si j’avais été du genre à trembler de peur, j’aurais assurément tressailli.

— Écoutez… dis-je, en tendant la main.

— Si vous n’avez pas quitté nos locaux dans cinq minutes, j’appelle la police.

Je songeai à Tammany Bird. Et, à cette pensée, je dois l’admettre, je tremblai un peu.

— Écoutez…

— Cette école, toute notre communauté, vous a fait confiance. Nous vous avons confié nos problèmes. Nous vous avons confié notre chagrin. Et quand je pense à la manière dont vous avez trahi notre confiance, dont vous nous avez abusés… Je ne tenterai même pas de vous dire le mal que vous avez pu faire ici.

— Écoutez…

— Mais même sans le mal que cela pouvait causer, la morale la plus élémentaire aurait dû vous empêcher de trafiquer notre histoire comme vous l’avez fait.

Voici un homme, pensai-je, qui n’a jamais travaillé avec un rédacteur en chef.

Aucune explication ne fut possible. Il me claqua la porte de son bureau au nez. Les secrétaires, lèvres pincées, me regardaient méchamment. L’une d’elles, je crois, me menaça du doigt. J’imaginais les comparutions avant détention, ici.

Je sortis. Il était encore tôt, ce matin, et les enfants se mettaient en rangs devant le collège. Les gros nuages de novembre, poussés par un vent aigrelet, passaient et repassaient dans le ciel et cachaient le soleil. La bise faisait également tomber les feuilles mortes qui tournoyaient jusque sur le sol.

Je m’arrêtai un instant, regardant les voitures passer sur la grand-route. J’avais conscience des regards que me jetaient les enfants en passant à côté de moi. J’éprouvais cette nervosité, cette excitation qui me prend toujours quand je me sens en territoire hostile.

Et, soudain, je cessai de voir les voitures passer sur la route. Ma vue était bouchée par un mur uniformément bleu. Je fis un pas en arrière. Le bleu était celui d’une veste d’uniforme de collège, avec un G orange cousu sur la poitrine. À l’intérieur de la veste se trouvait un jeune homme à la stature très imposante. Deux autres jeunes gens à la stature imposante, eux aussi en vestes d’uniforme, se tenaient derrière le premier.

Lejeune homme à la stature très imposante qui s’était interposé devant moi était un géant coquet, aux larges épaules, au visage bien dessiné, aux cheveux noirs coupés court, avec quelques boutons sur le menton.

— C’est vous, le journaliste ? demanda-t-il.

J’acquiesçai de la tête.

— À mon avis, ce que vous avez écrit sur Michelle Thayer pue. Ça ne me déplairait pas de vous casser la gueule.

— L’article a été réécrit par mon rédacteur en chef, Robert Cambridge.

Je lui donnai l’adresse personnelle de Cambridge.

— Si vous n’étiez pas un vieux con, je vous casserais volontiers la gueule.



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